Histoire de Brenouille
Causerie du pasteur 1939
Cet article de l’histoire de Brenouille, reprends le texte publié par le curé de Brenouille en 1939.
Il est tiré du fascicule « Chez nous » écho paroissial de Cinqueux, Brenouille et Monceaux écrit en Aout 1939.
Il décrit parfaitement les environs de Brenouille et retrace aussi l’histoire de l’église de Brenouille.
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Août 1939
« CHEZ NOUS »
ECHO PAROISSIAL DE CINQUEUX, BRENOUILLE ET MONCEAUX
CAUSERIE DU PASTEUR
Mes chers Amis,
Puisque nous sommes dans le temps des vacances, et qu’un des plus agréables passe-temps est de contempler la beauté des sites, qu’il me soit permis de vous faire apprécier le joli coin où s’écoule notre vie, sans que nous ayions l’idée d’aller chercher ailleurs.
Si vous voulez faire une jolie promenade, de celles « qu’aimait J.-J. Rousseau, à pied, sans être pressé, vers un objet agréable », venez quelque jour à Cinqueux.
Je ne dis rien de son site vraiment pittoresque, dans l’encadrement de ses collines boisées. Après avoir donné en passant un coup d’œil à son église, dont je vous ai conté l’an dernier à pareille date l’histoire mouvementée, prenez sur votre gauche la route de Rieux, pendant seulement quelque cent mètres, vous trouverez alors devant vous un chemin communal. Jadis il conduisait au château de Mauvinet (mauvais vin — aujourd’hui ferme Angot). Ce chemin porte le nom de rue de la Schoulle, parce que c’est par lui que passaient les vainqueurs de la schoulle (sorte de balle) venant de la place du Carados, porter la schoulle au Seigneur de Mauvinet, qui les récompensait.
Vous aurez soin d’abandonner ce chemin à l’endroit où il tourne, pour suivre un délicieux sentier qui grimpe entre deux rampes de verdure vers le sommet, qu’avec quelque exagération nos populations appellent la montagne de Rocq (tout juste 107 mètres d’altitude) ; point n’est donc besoin, pour ce faire, d’être un alpiniste entraîné, il suffit de n’être pas démesurément asthmatique. Vers le milieu de votre ascension, vous pouvez vous retourner et contempler le panorama le plus complet de Cinqueux, avec, au premier plan, sur son mamelon, le clocher mutilé et le profil élancé de sa belle église, puis la longue enfilade des maisons aux toits de pannes se détachant sur la verdure des bois qui bordent ses marais.
Sans grand effort, nous voici sur le faîte, avec, devant nous, un immense plateau entouré de toutes parts par une jolie frondaison où domine le pin sylvestre. Du côté Nord-Est, par dessus la cime des arbres qui semblent s’être accroupis sur les flancs du coteau pour permettre à la vue de s’étendre, voici à perte de vue le commencement de la grande Plaine, et le regard s’en va par dessus Sacy-le-Grand, Avrigny, Choisy, Blincourt, vers Estrées-St-Denis, les bois d’Arsy et Compiègne.
Mais le coup d’œil devient surtout grandiose quand on va redescendre vers Brenouille.. De gauche à droite, sur une ligne ininterrompue, se profilent à flancs de coteaux joliment dentelés les contreforts des forêts de Compiègne., d’Halatte, de Chantilly dominés, à l’arrière-plan, par les points culminants de l’Oise.
Et tranquillement, à vos pieds, dans sa riche vallée, l’Oise coule doucement de Pont-Ste-Maxence qui se détache, à gauche, aux flancs du Mont Pagnotte que domine la tour de Calipet et l’aiguille de la tourelle de son Hôtel de Ville, en passant par la tour tronquée de son église historique ; jusqu’à Creil, dont on voit à peine le beau clocher dans l’atmosphère embrumée par la fumée des trains et des cheminées des innombrables usines ; vous ne manquerez pas d’arrêter vos regards sur le joli bourg de Verneuil qui semble se blottir dans la verdure qui l’enchâsse.
Si, négligeant les lointains horizons, vous voulez reposer votre vue, contemplez, là tout près de vous, dans ce cadre rêvé, l’église de Brenouille joliment détachée comme une châsse précieuse qui conserve les reliques d’un passé qui fut glorieux.
Jadis, à flanc de coteau, sur votre gauche, s’élevait un château flanqué d’une grande tour Il était séparé de l’église seulement par le petit chemin, aujourd’hui communal, autrefois route de Creil à Compiègne, qui porte le nom de chaussée St-Eloi, en souvenir de l’Evêque de Noyon qui le prenait pour se rendre à son château de Monchy. Ce n’est d’ailleurs pas la seule évocation de Noyon, puisque la célèbre pierre de Rocq, que tous les visiteurs connaissent et qui se trouve sur le côté sud-est de la montagne, porte le nom de St Eutrope particulièrement en dévotion dans l’évêché de Noyon.
Primitivement, ce ne fut qu’une ferme dépendant de la seigneurie de la Boissière. En 1512, elle appartenait à Pierre Gaude, avocat du roi au comté de Ponthieu. Celui-ci la vendit au sieur de Hennecourt, doyen de Notre-Dame d’Amiens et seigneur de Beaurepaire.
Est-ce en souvenir de cette possession que les châtelains d’aujourd’hui, les marquis de Luppé, qui habitent Beaurepaire, tiennent à conserver leurs horizons libres vers Brenouille ? Ne serait-ce pas pour eux un souvenir exquis de contempler ce qui fut, en des temps si reculés, le domaine de Beaurepaire.
Beaurepaire n’eut d’ailleurs en propriété la seigneurie de Brenouille que très peu de temps, puisque, en 1539, le neveu du sieur d’Hennecourt, son héritier, aliéna cette propriété au profit de Niesle Lebel, avocat au baillage de Senlis, dont le fils aîné, Philippe, acquit la mairie royale.
Brenouille, avec les Lebel, va connaître sa plus rayonnante fortune. Il aura sous sa dépendance le fief dit de la Montagne, le fief de Sermoise, ceux de Mello et de St-Leu que les couvents de ces lieux vendirent pour acquitter la subvention de cinquante mille livres accordée par le clergé au roi Charles IX.